MENACE


for Ensemble & electronics

Performed and premiered by Ensemble21, at La Tricoterie Brussels,

for Festival Mosaïques 2024 (first edition), 16 june 2024.



MENACE is about ecology, where the Ars subtilior blends with electronic materials made of field recordings and oscillator articulations. Spectral writing, therefore, serves as a “binder” to various sonic and textural phenomena. This piece acts as an organic mass almost imitating the event that causes various varieties of flora to grow and flower. In a certain wild gesture, organic movements and hallucinations emerge to the surface, mirages, blurs, and sharpness burst forth. Like a world, henceforth, that could almost never come back.




Ensemble21 is :


Anne Davids . Bass flute

Benjamin Maneyrol . Bass clarinet

Aymeric De Villoutreys . Violin

Anne-Gabrielle Lia-Aragnouet . Cello

Quentin Meurisse . Piano + e-keyboard

Christophe Guiraud . Electronics


Marc Collet . Direction


Composed by Christophe Guiraud.

Recorded, mixed, and mastered by C.Guiraud for UNEARTH Laboratory.







MENACE


by Franck Yeznikian
› https://www.franckyeznikian.com

Pareille musique, en particulier dans une telle période de violences et précisément de menace(s), est une clairière où s'entend le lignage des voix du temps. Mais s'y entend également celles aussi des veines de deux autres hypersensibles que furent Luigi Nono et Pier Paolo Pasolini. La musique de Christophe Guiraud s'insinue dans cette clameur qui n'a pas peur de la beauté pour convoquer par l'écoute sensible et tendue, ce chant des vagues pouvant nous emporter par le fond jusqu'à des cimes de purs éclats. L'échelle des sensibles est tactile menaçant certes l'auditeur qui ne pourra pas ne pas être touché, envahi par ce vrombissement allant du grincement aux infimes déchirures. Le détail dans cette musique relève d'une économie baroque tel qu'un affect archéologique. Cette musique n'est précisément par post-moderne puisqu'elle endosse les épaisseurs dans une sorte d'ivresse sonore pour l'auditeur et sans doute pour le composieur lui-même, l'ouvrage une fois écrit et propulsé au monde La musique de Christophe Guiraud relève d'une complexité informelle; elle s'étire et se contracte comme une peau mais passant par des strates de métamorphoses allant de la fibre à l'animal. C'est une musique dont les alliages de couleurs et d'expressions sont mesurées dans une délicatesse d'où s'ébroue une raison certaine à travers la violence qui l'articule. Ici, elle est contenue : au deux sens de son état, ne craquant ce voile dans ses contrepoints de calques que pour faire entendre sa teneur. Cette musique est une vraie matière vivante comme un organisme en pleine mutation pour traversée. J'ai rarement une telle sensation du vivant, du se dévoilant dans une écoute. Sachant la proximité du compositeur avec la peinture et les matières qui finissent par transformer une toile en monde du visible, je ne peux m'empêcher aussi d'entendre sa musique comme l'expression au ralenti de ce monde de matières entre traces, drippings, éclats, traversée d'un outils dans un amas de couleurs, traits, volutes. En somme, de ce combat d'une abstraction lyrique dans sa mailleutique dont le temps, sauf en musique, finit par éteindre ou figer cette mouvance organique pour faire image. Dès lors, il y aurait dans cette musique un faire-image dont le visage restera toujours infiniment invisagé mais se reconnaissant à ses matières chargées de ce qui s'appelle bel et bien encore, de la musique. Merci cher Christophe de tenir fort dans cette tempête que nous traversons et pour ce que tu nous tends au demeurant, au corps, de profond et de solide dans cet amas de fragilités du coeur jusqu'aux cimes de vagues se volatilisant en écumes recommencées. S'y convoque certes un éclat mais retourné dans ce gant de Protée.